Légendes et mythes autour du lac TITICACA

Avant même que le monde n'existe, vivait Viracocha, le dieu qui créa la première terre. Il n'y avait ni soleil, ni lune, ni étoiles. Viracocha avait sculpté et peint des géants. Mais, au moment de leur donner la vie, il avait longuement hésité à peupler cette terre d'hommes plus grands que lui. Il détruisit donc tous ces géants et recommença son travail, en veillant à ne sculpter que des hommes de sa taille, puis il leur donna la vie. Ensuite, il les réunit et leur dit:

"Surtout ne m'oubliez jamais, adorez-moi jusqu'à la fin des temps ! Soyez honnêtes, travailleurs et bons Sinon, je vous détruirai tous !"

Pendant quelque temps, les hommes obéirent aux ordres de Viracocha, mais, peu à peu, ils oublièrent tout, même l'existence de Viracocha !

Ce dernier finit par se mettre en colère. Il ne pouvait plus supporter de voir les hommes se conduire aussi mal. Il leur envoya donc la malédiction dont il les avait menacés : certains furent transformés en pierre, d'autres furent engloutis par la terre. Enfin, pour effacer toute trace de cette vie maudite, il déclencha un déluge général qui noya tous ceux qui restaient. Viracocha ne garda auprès de lui que trois serviteurs pour l'aider à recréer le Monde.

Lorsque la terre fut parfaitement sèche, il se mit au travail. Il décida de créer d'abord la lumière pour que les hommes ne passent plus toute leur vie dans la nuit totale. Pour cela il se rendit au bord d'un immense lac qui s'appellera plus tard Titicaca. D'un signe, il en fit jaillir le soleil, la lune, et les étoiles. Le soleil resplendissait, mais en voyant la lune monter dans le ciel et briller plus que lui, il lui jeta, par jalousie, une poignée de cendres à la figure. C'est pour cela qu'elle est marquée de taches grises.

Dès leur arrivée à Tiahuanaco ils se mirent au travail. Viracocha était d'une exigence intraitable. Ses ordres étaient stricts et précis, il veillait à ce qu'ils soient suivis à la lettre, dans les moindres détails.

I1 sculpta dans la pierre les différents types d'hommes qui allaient peupler ce nouveau monde. Ensuite, il leur donna une âme et leur ordonna d'aller dans toutes les directions et de choisir les régions dans lesquelles ils voulaient habiter.

Les hommes qui ont vu Viracocha racontent qu'il est blanc, qu'il a une longue aube blanche ceinturée à la taille et qu'il a dans les mains un grand bâton et un livre.

Lorsque son oeuvre fut terminée, Viracocha se mit en route pour visiter la terre et voir comment les nouveaux hommes se comportaient. Il arriva ainsi à Cacha, mais les habitants ne le reconnurent pas. De plus, le voyant si différent d'eux, ils tentèrent de le tuer. Personne dans leur village n'avait la peau de cette couleur, ni ces vêtements, ni ces objets dans les mains... Ils l'avaient déjà oublié ! Alors, Viracocha se mit à genoux et leva son visage vers le ciel. Un feu violent déferla sur les pentes de la colline et incendia tout le village. Même les pierres brûlèrent comme de la paille. Alors, tous les Indiens, effrayés, le reconnurent. Ils accoururent vers lui en implorant sa grâce Ils firent des sacrifices à ses pieds et jurèrent de l'adorer jusqu'à la fin du monde.

Puis, Viracocha reprit sa route vers l'Océan pour rejoindre ses serviteurs. Depuis plusieurs jours ils l'attendaient, car eux aussi avaient accompli leur tâche.

Ils le virent arriver entouré d'hommes et de femmes qui l'avaient suivi jusqu'à la plage pour écouter ses dernières paroles.

Il leur dit qu'il partait pour toujours mais qu'il allait leur envoyer un messager divin pour veiller sur eux et leur enseigner tout ce qu'ils avaient besoin de savoir. Puis, il se retourna, avança vers l'Océan et disparut vers l'horizon en marchant sur l'eau. Peu à peu, il se confondit avec l'écume des vagues, C'est pour cela que les indiens l'ont appelé Viracocha, car ce nom signifie "écume de la mer", et pendant longtemps, ils guettèrent sur cette plage l'arrivée du messager de Viracocha

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A quatre mille mètres d'altitude, sur l'Altiplano, à la frontière de la Bolivie et du Pérou s'étend l'un des plus remarquables lacs du Monde. Les Indiens de cette région au et mat rude, et entourée de hautes montagnes dénudées, le considèrent comme un lac sacré Parfois, au fond de ses eaux sombres, ils croient voir une  cité engloutie.

En effet, autrefois, ce lac n'existait pas. Un peuple très orgueilleux régnait sur toute la région et se croyait le maître du monde. Son roi se disait l'égal des eux.

Un jour, quelques Indiens, sales et vêtus de tillons, arrivèrent dans la cité. A chaque coin de rue, haranguaient la foule en criant : " Attention ! Votre cité va être détruite, les dieux sont en colère contre vous, ils vont vous punir, mettez-vous à l'abri là-haut sur la colline et repentez-vous, vous serez épargnés."

Au début, les gens se moquèrent d'eux. Ils avaient peur de rien puisqu'ils étaient les maîtres du monde ! Les jours passèrent, mais les Indiens continuaient à annoncer les pires calamités. Les habitants de la cité jetaient des pierres à ces prophètes de malheur.

Seuls les prêtres s'inquiétèrent de ces prédictions et réfugièrent pour prier dans leur temple sur une colline à l'extérieur de la ville. Toute la population se toqua d'eux.

Un après-midi comme les autres, un homme aperçut au loin une lueur rouge et appela ses amis. Presque tous les habitants de la cité se retrouvèrent sur la place en quelques heures.

"Regardez, dit l'un d'eux, on dirait un nuage de feu...

- C'est la fin du monde ! Cria un autre. Les mendiants nous l'avaient dit...

- Mais non, répliqua un troisième, c'est le soleil qui reflète dans ce nuage, tout simplement, vous êtes es mauviettes. Un rien vous effraie.

- Regardez, on dirait qu'il se rapproche de la ville. Il fait de plus en plus chaud !

- Je vous avais bien dit de prendre garde. C'est le soleil qui se fâche. Nous allons être punis.

- Vous n'allez pas croire ces sornettes, dit une vieille femme en éclatant de rire. Ne voyez-vous pas que c'est un incendie ?"

Mais les gens commençaient à se poser des questions, car la lueur semblait se rapprocher ; petit à petit, toute la population se retrouva dans les rues pour regarder cette fumée étrange qui grandissait et se trouvait soudain tout près de la cité. Ils virent alors que ce n'était pas une fumée mais un immense nuage rouge et noir ; brusquement, des dizaines d'autres nuages semblables recouvrirent toute la ville. Le soleil brilla de plus en plus fort, une chaleur étouffante envahit les rues dans un silence total. Soudain les habitants entendirent un grondement de tonnerre. La terre se mit à trembler et les maisons s'écroulèrent dans un fracas terrible. Les gens couraient dans tous les sens, en criant. C'est alors qu'une pluie rouge, diluvienne, se mit à tomber, les rivières débordèrent et inondèrent toute la vallée.

Il n'y eut pas un seul survivant. Seuls les prêtres qui s'étaient réfugiés dans leur temple pour prier sur la colline furent sauvés. Cette colline est maintenant devenue l'île Titicaca. Elle est depuis ce jour un lieu de culte ainsi que la petite île voisine, Coati. Plus tard, les incas y adorèrent le Soleil et la Lune, mais aussi le dieu du Tonnerre et de l'Eclair, en priant pour que le ciel ne soit jamais plus rouge et noir.