Textes de l'inauguration de la semaine Amérique latine 2005, à Bourg-lès-Valence (26)


17 ans déjà !

- Un rendez-vous d’amitié, fidèle et d’achats autour du commerce équitable, dont on découvre quelques nouveautés concoctées par les mains habiles des artisans de la CIAP.
- Des associations, qui, on l’espère, se bonifient avec l’âge ;
- Partage sans Frontières va fêter ses 25 ans le 20 mai 2006 à Saulce, vous êtes tous invités

Cette année, en écho à la pose de la première pierre de la médiathèque, je vous invite à pousser la porte de la littérature…
Lubie d’une dévoreuse de livres ? Singulier manque d’idées ? Que non point ! , mais ouverture sur le monde, voyage dans l’inconnu avec l’écriture flamboyante de Mario Vargas Llosa, peintre inspiré et visionnaire de la société péruvienne et plus largement de la nature humaine, avec ses grandeurs et ses bassesses, la pureté scintillante du fanatisme, et de ses cimes inaccessibles qui en dévoient irrémédiablement l’utopie de départ, la corruption érigée en raison d’Etat, la souillure indélébile qu’inflige la dictature à ses courtisans serviles et prêts à tout, ainsi qu’à ses opposants qui en sortent brisés à jamais. Observons avec lui les arcanes lambrissés de la haute bourgeoisie, la survie quotidienne des plus défavorisés faite d ‘expédients et de violence, les infirmes de la vie, les faiseurs d’histoires, la magie des feuilletons radiophoniques, les brimades militaires d’un collège, la rudesse des Andes, la densité inquiétante et feuillue de la selva et de ses habitants en marche pour retenir le soleil…

Je vous convie instamment à venir partager la lecture et la mise en textes des coups de cœur d’Embarquement pour Cythère, le jeudi 1 décembre, ici même

Pour conclure, laissons place à l’écrivain lui-même…

LA LITTERATURE ET LA VIE

« … À la différence de la science et de la technique, la littérature est, a été et continuera d'être, en revanche, un de ces dénominateurs communs de l'expérience humaine, un moyen pour les êtres vivants de se reconnaître et de dialoguer quels que soient leurs différences, leurs activités et leurs projets vitaux…

Rien ne défend mieux l'être vivant contre la stupidité des préjugés, du racisme, de la xénophobie, de l'esprit de clocher imposés par le sectarisme religieux ou politique que cette constatation toujours présente dans la grande littérature : l'égalité essentielle des hommes et des femmes sous tous les cieux et l'injustice que représente le fait d'établir entre eux toute forme de discrimination, d'assujettissement ou d'exploitation. Rien ne vaut les grands romans pour nous apprendre à voir la richesse du patrimoine humain dans les différences ethniques et culturelles et à les valoriser comme une manifestation de leur créativité multiple. Lire de la bonne littérature sert à se distraire, certes, mais aussi à apprendre - de manière directe et intense, celle de l'expérience vécue à travers la fiction - ce que nous sommes et qui nous sommes dans notre intégrité humaine, à travers nos actes, nos rêves et nos fantasmes, seuls mais aussi dans le réseau de relations qui nous lie les uns aux autres, dans notre présence publique et le secret de nos consciences, dans ce qui fait la condition humaine, cette somme complexe de vérités contradictoires… »

Mario Vargas Llosa